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lundi 3 octobre 2011

4 Fais-moi confiance

        Nous recevons un invité ce soir, et tu me demandes de préparer  ma robe vinyle et un string fendu (pour quoi faire ?) et de mettre des vêtements légers en attendant. Qu’entends –tu par légers ? De saison ? Sans sophistication ? Qui s’enlèvent vite ? Ou carrément coquins ? Finalement, ne sachant pas à quoi m’en tenir, et les enfants n’étant pas encore tous partis,  j’opte pour du simple dans lequel je me sens bien, c'est-à-dire leggings , tunique longue et sandales  noirs.
         Pendant  l’apéro, alors que vous vous occupez du barbecue, je prépare l’accompagnement en cuisine, et je mets la table, puis tu me demandes de t’avertir lorsque c’est presque cuit, et d’aller m’habiller. Zut ! Me voilà embêtée, je me croyais prête… Il ne me restait qu’à enlever le bas ! Et aucune envie de mettre ma robe vinyle, trop provocante à mon goût, et parfaite comme sauna privé par ces chaleurs, vraiment pas ce que je choisirais … Me revoilà à désespérer devant mon placard, n’ayant toujours aucune idée de ce que tu mijotes,  je ne suis pas plus avancée que tout à l’heure, je n’ai pas envie de mettre notre invité mal à l’aise en mettant une tenue… Tu viens voir ce que je fabrique, devant mon air contrit tu me dis de rester comme je suis, l’important étant que je me sente à l’aise. Je finis par me souvenir de  l’existence d’une petite robe à froufrous qui fera l’affaire. Tu choisis  mon collier et je vous rejoins dans la véranda.


Lorsque je reviens, mon couvert  a été enlevé, et tu me demandes de grimper sur la table, pour y servir de nappe, et y manger à même l’assiette. D’un coup cette table que je vois tous les jours me semble bien haute, et je me mets à douter sérieusement de sa solidité. M’y allonger de façon gracile semble sérieusement compromis … Je te lance un regard incrédule, pensant que tu te payes ma tête, mais tu sembles décidé, bien qu’amusé. Et comme il parait que le ridicule ne tue pas, et que j’ai promis de te faire confiance et de ne pas faire ma capricieuse, je grimpe sur la chaise que me pousse généreusement notre invité arborant un sourire parfaitement narquois, et m’allonge de tout mon long au centre de la table, les pieds dans le vide, on repassera pour le côté glamour… De fait, le mot léger prend une acception inédite (lavable, à la limite même jetable) et certaines questions qui me semblaient anodines  sur le moment, et dont j’attribuais naïvement la connotation légèrement moqueuse à mon régime,   prennent un sens plus taquin, telles que « Tu manges ce soir ? » ou « Il n’y a pas trop de couverts ? », révélant votre complicité.



     Acceptant mon rôle de chemin de table pour la soirée, je croise les mains devant moi et y pose le front,  essayant de respirer lentement et régulièrement pour me calmer et ne pas renverser les photophores posés entre mes omoplates et  au creux de mes reins. Vous mangez de part et d’autre de moi, mais rapidement je me rends compte que je ne tiendrai pas longtemps dans cette position, je respire trop vite, je vais finir par faire de l’hyperventilation, et je demande à me redresser sur les mains. D’autant plus que manger allongée sur le ventre s’avère impossible, finalement vous me donnez  la becquée et à boire à tour de rôle. Quelque chose de chaud vient se poser sur mes fesses, j’imagine que c’est le plat de pommes de terre rôties, et  en sentant quelque chose de froid et humide sur mes reins, je suppute que c’est  de la sauce, moutarde ou autre, ce que des coups de fourchette (gentils) ne tardent pas à confirmer. Et malgré le moment de solitude embarrassée au début, j’ai passé un très agréable moment à être le centre de toutes vos attentions de la table


        Ceci dit, ma vessie commençant à me titiller sérieusement, je demande  la permission d’aller aux toilettes, permission refusée, je n’ai qu’à me soulager là, dans une bassine… Gloups ! Là c’est un peu trop me demander… J’ai déjà du mal à pisser dans la nature, même en absence de public, et je n’ai jamais uriné dans un récipient autre qu’un flacon pour analyse médicale…Plein d’empathie pour ma pudeur, tu attrapes un vase, et m’autorises à  me cacher partiellement derrière la porte. Fatalement, je ne parviens pas à  me soulager de suite, mais une fois commencé, impossible d’arrêter le jet… Et comme de bien entendu, on n’entend plus que moi et mes glouglous incontrôlables ! Bien que tu sois seul à assister de visu à mon opprobre, auquel tu ajoutes en prenant des photos, je suis affreusement gênée.

      Je ne peux que constater l’ambivalence de mes sentiments  à cet instant. D’une part, je ressens une gêne profonde, donc a priori désagréable, de m’exposer ainsi même partiellement pour faire mes besoins, provocant l’envie irrépressible de disparaître et de fondre dans le paysage. Et paradoxalement, ce même embarras génère à la fois beaucoup de plaisir et une forte excitation.  J’aime me laisser emporter par ce tourbillon d’émotions contradictoires, entre l’envie de fuir, de sauvegarder mon intégrité, ou de plonger et prendre le risque de faire quelques accrocs à mon orgueil (je suis bien consciente de ce que la plupart du temps la première option l’emporte). Avoir la sensation d’être au bord du précipice et me laisser submerger par cette vague de chaleur intense due à la honte (le rouge aux joues ?) suscitant un plaisir enivrant et incomparable.  A cela s’ajoute après coup la satisfaction d’avoir repoussé ne fût ce que légèrement une limite, vieux vestige de mon éducation. (D’ailleurs je me demande si ce n’est pas justement l’éducation qui est la cause du plaisir dans l’humiliation ? En attribuant une dimension honteuse à des actes innocents mais empreints de plaisir de l’enfant, ne finit-on pas par associer au contraire le plaisir à la honte ?)


       La soirée n’est pas terminée, tu me mets un bandeau et fixes la laisse au collier. On reste dans le ton de la soirée : « Fais-moi confiance » Marcher sans y voir, en se fiant à la traction au cou de la laisse et la voix, bien que je connaisse parfaitement les lieux, ce n’est pas un exercice évident, et j’agrippe ton bras. Tu me diriges vers ta voiture, et après mon refus catégorique mais prévisible de m’allonger dans le coffre, ce que je trouve dangereux et irresponsable, tu m’ouvres la portière et je m’installe à l’arrière.


       Je crois savoir où on va. Je m’accroche à cette idée, elle me rassure, malgré tes efforts pour m’induire en erreur. (Pas bien compliqué vu mon sens de l’orientation défaillant même les yeux ouverts !!!) Et lorsque tu coupes le moteur et ouvres ta portière, je sens les odeurs familières de la forêt, en sortant je sens mes talons s’enfoncer dans le sol caractéristique. Comme j’accroche des brindilles au sol, afin d’éviter que je me casse la figure, tu me libères de mon bandeau et j’aperçois avec soulagement l’entrée de notre tunnel.
La sortie se trouve 20 mètres plus loin, relativement à l’abri des regards même en plein jour. Bien qu’on ne soit jamais assuré de ne croiser personne, aucun promeneur nocturne n’arriverait là par hasard, évidemment le risque n’est jamais totalement exclu, mais j’imagine que c’est justement ça qui nous pousse à jouer dans la nature ? L’excitation quant à la possibilité ? Pas pour attirer le gibier ni pour le romantisme du clair de lune ?
      Les mains en appui sur le muret qui jouxte le tunnel, je deviens   la cible de vos martinets. Je me sens bien, je suis en terrain connu, le lieu m’est familier, mais vos gestes aussi. Ainsi je peux apprécier pleinement de vous avoir tous les deux pour moi et me laisser aller dans ma bulle en toute confiance, sans arrière-pensée.



         Malheureusement, toutes  les bonnes choses ayant une fin, nous retournons à la voiture. Tu ouvres le coffre, et curieusement, je monte sans rechigner (en fait de coffre il s’agit d’un hayon) et reste sagement couchée jusqu’au retour à la maison…

Merci à tous les deux pour ces moments délicieux



4 commentaires:

Anonyme a dit…

tres ludique comme soirée est racontée avec beaucoup de simplicité et de sincérité merci

jade4267

Lea a dit…

On s'y croirait ! Très joli récit !
Être son meuble, sa table mmmm :).
J'ai été bluffée par ta façon de décrire tes sensations, ta "honte" en pissant devant lui.
Tu trouves les mots que je n'arrive pas à trouver tellement c'est complexe, puissant... En te lisant j'avais l'impression de lire dans mon cerveau :)

Tourmentor a dit…

@jade4267
merci pour ton commentaire, oui nous nous somme s bien amusés avec simplicité,sincèrité.Une soirée bien sympatique en domination soumission et qui plus est : non sexe!lol!

Tourmentor et siham a dit…

Merci Léa de ton commentaire particulièrement touchant! Oui, nos sensations sont complexes, puissantes, justement par ce qu'elles ont d'indéfinissable et d'insensé!
siham

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